août 12, 2020
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Pourquoi la répression se durcit-elle en Algérie ?

Algerian protesters march national flags during their weekly anti-government demonstration in the capital Algiers, on February 21, 2020. (Photo by RYAD KRAMDI / AFP)
Dalia Ghanem-Yazbeck

Poursuivi pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale » le journaliste Khaled Drareni, détenu depuis fin mars a été condamné le 10 août à trois ans de prison ferme. Dalia Ghanem-Yazbeck, chercheuse au Carnegie Middle East Center à Beyrouth estime que le régime a peur de la violente crise économique qui s’annonce.

Recueilli par Marie Verdier, le 11/08/2020 hwww.la-croix.com

Vu son manque de légitimité après son élection en décembre dernier, l’on s’attendait à des gestes forts du président algérien Abdelmadjid Tebboune, telle que la libération de tous les détenus du Hirak, le mouvement de contestation, pour desserrer l’étau. Il n’en fut rien.

L’image des six généraux derrière lui, au moment où il signait son investiture, illustrait combien le régime n’avait en rien changé. L’armée, au moment des élections, ne fait que changer ses pions. Mais dans ce régime totalement opaque, on ne sait qui détient réellement les rênes du pouvoir.

Le général Saïd Chengriha est toujours chef d’état-major par intérim, depuis le décès d’Ahmed Gaïd Salah le 23 décembre dernier. Ce n’est pas un hasard. Lui aussi doit faire ses preuves et montrer son allégeance avant d’être confirmé dans sa fonction. Mais auprès de qui ? Ceux qui cherchent à savoir finissent en prison. Comme tant de militants du Hirak. Comme Khaled Drareni, un des journalistes les plus suivis en Algérie. Sa lourde condamnation est un signal fort à l’adresse de toute personne qui ne veut pas rentrer dans les rangs.

Les agents des services débarquent dans les maisons des activistes pour les interpeller, ils intimident des universitaires, etc. Le confinement a facilité le durcissement de la machine répressive. Et la population a peur de redescendre dans la rue, en raison de la gestion calamiteuse de la pandémie et du risque de contamination, alors que chacun sait que les hôpitaux sont des mouroirs. D’ailleurs, donner des chiffres de la pandémie autres que les données officielles mène en prison, en vertu de la loi du 22 avril criminalisant les fausses nouvelles.

Il est clair que le régime a peur de la crise économique qui s’annonce. Celle-ci sera très violente dans ce pays qui n’a pas su se développer. Il y a déjà un problème de liquidités. Les retraités ne peuvent plus retirer, chaque mois, l’intégralité de leur pension. Les colossales réserves de changes de 2013 – 165 milliards d’euros – sont en passe de disparaître, et ne permettent plus d’acheter la paix sociale.

Le pouvoir mise sur l’épuisement de la population – à cause des arrestations, du coronavirus, du chômage, du déclassement de milliers de personnes, etc. – pour qu’elle n’ait plus l’énergie de se battre, alors qu’elle réclame un nouveau pacte social, que le pouvoir ne veut résolument pas lui donner.

C’est la force d’un régime de ce type d’arriver à casser moralement les citoyens. Il n’hésite pas à réprimer pour ce faire. Il confiera, si besoin, la sale besogne à la police pour préserver l’image de l’armée. Et il est très outillé pour la répression, assis sur des dépenses militaires qui s’élèvent à 6 % du PIB. Enfin, il a les mains libres, personne pour lui dire stop sur la scène internationale. L’Union européenne, empêtrée dans ses propres problèmes, veut la stabilité à tout prix, à n’importe quel prix.

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