avril 17, 2021
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Exactions au temps du Hirak : le cas de Sofiane Rabiai (« Pion Pion DZ »)

PAR AW · PUBLIÉ AVRIL 17, 2021

A.T., Algeria-Watch, 17 avril 2021

Actuellement recherché par les forces de sécurité algériennes, le nom de Sofiane Rabiai (dit « Pion Pion DZ ») a été évoqué durant la mise en accusation des cinq activistes arrêtés le 11 avril 2021 (Mohamed Tadjadit, Malik Riahi, Soheïb Debaghi, Tarik Debaghi et Noureddine Khimoud). Chômeur et administrateur d’une page Facebook très suivie sur la toile, on reproche à Sofiane Rabiai ses liens avec ces militants du Hirak. Le 6 septembre 2020, Rabiai a été condamné à six mois de prison ferme pour « atteinte à la personne du président de la République », « outrage à corps constitué », « publication de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité publique » et « publication d’informations via des sources étrangères pouvant porter atteinte à l’unité nationale ». Après avoir purgé sa peine, il a quitté la prison d’El-Harrach le lundi 14 décembre 2020.

Lors de sa première interpellation le 11 juin 2020, Rabiai a fait face à plusieurs sévices d’ordre physique et psychologique. Il a reçu sa convocation à 9 heures du matin via un groupe de policiers déployés à son domicile dans le quartier de Kouba en banlieue d’Alger. Révolté par de tels abus, Rabiai s’est exprimé en produisant un live sur Facebook pour dénoncer ces comportements.

De retour dans son quartier vers 17 heures, Rabiai a été intercepté à l’entrée de son domicile par une dizaine d’agents en civil (probablement de la DGSI). Après un coup de pistolet électrique Taser au ventre, Rabiai, tombé à terre, a été soulevé et transporté dans une voiture blanche de marque Honda. Durant l’interpellation, les agents ont été violents, le traînant sur le bitume en écorchant son visage. À partir de là, un convoi de quatre voitures l’accompagne vers une destination inconnue. À aucun moment, ses assaillants ne se sont identifiés. Menotté et placé à l’arrière d’un véhicule, encerclé par deux agents, il a subi plusieurs décharges de Taser ainsi que des gifles et des coups de poing. Un des coups, asséné à la tête, a provoqué une blessure au front et d’importants saignements. À proximité du tunnel d’Oued Ouchayah le convoi s’est arrêté. Rabiai a été alors battu très brutalement. Pendant plus de vingt minutes, de nombreux agents le frappent à tour de rôle sur toutes les parties du corps. Durant ce supplice, les pires idées lui passent par l’esprit, le malheureux appréhende même d’être victime d’une exécution extrajudiciaire.

Au bout d’une demi-heure, il est transféré à bord d’une voiture de police au commissariat de Bab Ezzouar (Division Est). Arrivés sur place, deux policiers l’ont escorté jusqu’aux bureaux situés au premier étage. Alors qu’ils lui tenaient fermement les bras, les autres agents se sont livrés à des attouchements sur ses parties intimes. Dans le bureau de l’inspecteur, les policiers lui ont baissé son pantalon et l’ont roué de coups. Durant deux heures, de manière continue, plusieurs agents l’ont battu violemment. Ces fonctionnaires l’ont même menacé de viol et pour l’humilier davantage, ils l’ont forcé à s’agenouiller. Devant la résistance de Rabiai, ils l’ont projeté au sol en lui donnant plusieurs coups de pied. Un des agents a même été jusqu’à lui cracher dans la bouche. Lors de cette séance de torture, les agents de police l’ont interrogé sur ses liens éventuels avec des figures politiques et des militants connus du Hirak.

Le lendemain (12 juin), les policiers l’ont obligé à signer un PV et par la suite, un médecin l’a examiné de manière sommaire. Il a refusé de prendre en note le témoignage de Rabiai, accordant plus de crédit aux déclarations d’un agent qui a justifié les traces de coups et la blessure au front par le fait que le prévenu s’était seulement « cogné » en rentrant dans la voiture. Rabiai a été maintenu en garde à vue au commissariat deux jours supplémentaires, soit le temps nécessaire pour faire disparaître les traces des exactions qu’il avait subi. Le médecin lui a même donné une pommade pour résorber ses ecchymoses. L’amélioration soudaine de sa situation, un quasi-revirement en fait, est certainement dû à la forte mobilisation sur les réseaux sociaux qui a suivi le kidnapping de Sofiane Rabiai. En effet, pendant plusieurs jours ses proches ont ignoré son lieu d’incarcération. Finalement, il sera placé sous mandat dépôt le 14 juin à la prison d’El-Harrach.

Actuellement en fuite et dans la clandestinité, Sofiane Rabiai a refusé de répondre à deux convocations de peur de revivre les mêmes types de sévices.

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