septembre 16, 2024
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Karim Tabbou: Le Billet politique du 16 septembre 2024

Karim Tabbou, Billet politique du 16 septembre 2024

Comme chaque lundi, je publie le billet politique de cette semaine consacré à la mascarade électorale du 7 septembre dernier.

La cour constitutionnelle vient d’annoncer les nouveaux résultats du scrutin présidentiel anticipé du 7 septembre en multipliant carrément les résultats initiaux rendus par l’Autorité des élections par 100%. Un taux qui se produit rarement au square et dans les bourses financières.

Mais avant de procéder à une lecture de ce simulacre d’élection, interrogeons le droit en premier lieu :

Quelles sont les attributions légales de la cour constitutionnelle ?

Logiquement et conformément à la loi, la cour constitutionnelle se doit de répondre aux recours introduits par les plaignants dans les délais fixés par la Loi. Ces derniers sont appelés à étayer leurs requêtes par des documents et/ou des éléments matériels attestant de la véracité de la réclamation.

Et comme nous le savons tous, cette juridiction a enregistré deux recours des deux candidats malheureux. L’objet des recours porte sur le constat d’un écart de voix entre les chiffres annoncés par l’ANIE et le nombre mentionné sur les procès-verbaux remis par les commissions de wilayas. Le candidat du MSP a estimé avoir été lésé de trois cent mille voix que l’ANIE aurait oublié, selon lui, d’enregistrer.

En remettant entièrement en cause les résultats du scrutin annoncés publiquement par la Haute Instance des Elections, la cour constitutionnelle vient de commettre un précédent grave. Non seulement, elle a piétiné la loi et les règlements qui régissent le processus électoral, mais elle a jeté le discrédit sur une institution que le chef de l’Etat lui-même avait traité de pilier essentiel dans la construction de la « Nouvelle Algérie ». Il convient de rappeler, dans ce contexte, que la constitutionnalisation de la haute instance des élections a été qualifiée de gage de garantie pour la transparence des élections.

En jetant en pâture la haute instance des élections et son président Mohamed Charfi, la cour constitutionnelle vient d’apporter la preuve éclatante que le scrutin du 7 septembre, marqué par d’innombrables irrégularités et intervenu dans un climat de terreur et d’intimidations policières contre ceux et celles qui s’y opposent, est une simple manœuvre politicienne interne à la « coupole ». Le dé-jugement d’une « haute instance indépendante » par une autre haute instance de l’Etat traduit incontestablement l’état de déliquescence et de délitement de l’Etat.

Comme nous pouvons bien le constater, ce sont ceux-là même qui prétendent agir pour garantir la stabilité qui mettent en péril la stabilité du pays pour des calculs bassement politiciens.

Cette lutte en sourdine montre également que les réflexes du pouvoir restent les mêmes et que les successions, à défaut d’un vrai processus de transition démocratique, continuent de se dérouler sournoisement et violemment dans ces lieux obscurs rodés aux tripotages des chiffres et aux manipulations.

Nonobstant tous ces chiffres, ces manœuvres et les positionnements opportunistes, ce scrutin a montré une chose essentielle : Le peuple Algérien n’est pas prêt à se laisser entrainer dans un processus biaisé et dans une farce électorale dont la finalité est de perpétuer le statuquo. Il a dit Non à cette mascarade électorale

Ce qui semble avoir terrifié le pouvoir, ce n’est pas tant ces « malentendus » internes et ces coups bas habituels de ses clans, c’est plutôt la leçon que lui a administré le peuple, à savoir que la révolution populaire est en marche est que désormais rien ne peut reporter indéfiniment la volonté du changement exprimée par la majorité des algériennes et des algériens.

Dans tous les pays du Monde, l’annonce des résultats d’une élection présidentielle est suivie de scènes de liesses et les partisans du candidat gagnant manifestent leur joie ! Or chez nous, mis à part les escortes de polices, les chiffres et les procès-verbaux, nos villes sont restées désertes durant toute la journée de cette journée mémorable du 7 septembre. Et ce ne sont pas les mises en scène médiocres et ubuesques de l’ENTV, dont la déchéance n’a pas d’égale, qui travestiront la réalité. Ce fut une journée de résistance contre l’oppression en dévoilant au grand jour les dessous d’un scrutin et la réalité d’un système politique arrivé à sa date de péremption et dont les caractéristiques politiques sont des plus inquiétantes.

Politiquement et moralement, ce scrutin est disqualifié. Avant même la prestation de « serment », le mandat qui commence est déjà fini et bientôt les luttes de successions vont commencer. Face à cette perspective porteuse de périls pour le pays, il s’agit pour nous tous de ne pas rester spectateurs. Nous ne devons pas nous taire devant une telle spoliation, un tel déni et un tel déshonneur. Il y va du devenir de notre cher pays et de l’avenir de nos enfants. Plus qu’une obligation, c’est une responsabilité. Il est grand temps que les uns et les autres fassent les révisions qui s’imposent à la mesure du défi du changement démocratique pacifique que réclame le peuple algérien de ses vœux, dans son écrasante majorité.

Mon soutien total et inconditionnel aux détenus d’opinions ainsi qu’à leurs familles.

Karim_Tabbou

Alger, le lundi 16 septembre 2024

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