novembre 11, 2023
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LE BOYCOTT : UNE ARME NON VIOLENTE POUR EXPRIMER LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN

Par Abbes HAMADENE in Facebook 10 11 2023

La Convention pour l’Élimination et la Répression du crime d’Apartheid adoptée par l’ONU le 30 novembre 1973 définit l’apartheid comme « un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime ».

Au regard de cette définition, les autorités israéliennes mènent de toute évidence une politique d’apartheid à l’égard des Palestiniens : incursions militaires, violence coloniale, destructions à grande échelle de maisons palestiniennes, dépossession des terres dans le but de chasser les paysans de leurs terres, embargo et refus de l’accès à l’eau et à l’électricité, réduction des zones accessibles aux Palestiniens (murs, check points …), fragmentation ou Bantoustanisation du territoire de façon à rendre impossible la création d’un véritable Etat palestinien.

Les Nations unies, Amnesty International, Human Right, des experts juridiques et des ONG, de plus en plus nombreuses, qualifient la politique d’Israël contre le peuple palestinien d’apartheid. Cette qualification est d’ailleurs partagée par de nombreux Israéliens, y compris d’anciens hauts responsables à l’exemple de Tamir Pardo qui a dirigé le Mossad de 2011 à 2015.

En réalité, par de nombreux aspects, la politique colonialiste et raciste menée par Israël dépasse de loin l’apartheid sud-africain. Cette politique colonialiste et de plus en plus suprématiste, est dénoncée par de larges franges de l’opinion internationale qui, pour exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien a recours à une arme citoyenne non-violente : le Boycott.

L’ORIGINE DU MOT « BOYCOTT » DEVENUE UNE ARME CITOYENNE NON-VIOLENTE

En Irlande, l’année 1879 était marquée par une très mauvaise récolte pour la 3ème année consécutive. Le spectre de la grande famine (1848-1852) rode à nouveau dans les campagnes. Une famine qui constitue une période charnière et traumatisante de l’histoire d’Irlande avec un bilan terrifiant : 1 million de morts et 1,5 d’émigrés vers les USA.

En 1880, la « Ligue agraire » menée par le leader indépendantiste Charles Parnell demanda à Lord Erne, un grand propriétaire terrien dans le canton du Mayo, de baisser le loyer des paysans à 25%, et non de 10% comme prévu initialement. Pour faire respecter sa décision le Lord Erne, chargea son intendant et homme de main, Charles Cunningham Boycott, d’expulser les paysans qui refusaient de payer le prix du loyer imposé.

En réponse à ces mesures répressives, Charles Parnell appela les fermiers et les habitants de la localité de Mayo de refuser de faire affaire avec Cunningham Boycott. Résultat : aucun paysan, aucun ouvrier n’accepta de travailler pour Mr Boycott, aucun marchand ne consentit à lui vendre de provision et tout son courrier fut intercepté. Ce fut ce mouvement qui alla donner naissance au concept du « Boycott ».

LE RÔLE DU BOYCOTT DANS LA FIN DE L’APARTHEID EN AFRIQUE DU SUD

Les gouvernements occidentaux soutinrent le régime d’apartheid en Afrique du Sud jusqu’en 1994, sans jamais se préoccuper de la politique ségrégationniste, des massacres, de la répression barbare commis par les blancs envers les noirs.

L’ANC (African National Congress) fut fondé en 1912 avec un objectif stratégique : créer une Afrique du Sud unie et non-raciale qui accorde les mêmes droits aux blancs et aux noirs.

Pour consolider sa lutte contre l’apartheid, l’ANC se donna un objectif stratégique : affaiblir le régime d’apartheid sur le plan économique, l’isoler sur le plan diplomatique et flétrir son image en le bannissant des compétitions sportives et échanges culturels, par le moyen du boycott.

C’est en 1959 qu’un groupe d’exilés Sud-Africains à Londres fit un appel au boycott des produits de l’Afrique du Sud, un appel soutenu par des syndicats de travailleurs et d’étudiants, des groupes d’extrême-gauche, des associations féministes, le parti travailliste. Ce mouvement s’est donné le nom de l’AAM (Anti-Apartheid Movement).

Porté par des citoyens du monde entier, l’AAM prit des formes différentes : boycott des produits fabriqués en Afrique du Sud, boycott académique et scientifique des universités, boycott des échanges culturels, refus de la participation des équipes sud-africaines aux compétions sportives officielles.

Les pays scandinaves étaient pionniers de ce mouvement, notamment la Suède sous l’impulsion de son chef de gouvernement Olof Palme.

Lorsque l’ANC opta pour la lutte armée après le massacre de Sharpeville, le 21 mars 1960, le mouvement AAM ne s’est pas affaibli, tout au contraire et au fil du temps le boycott ne cessa de gagner du terrain.

Le résultat le plus édifiant de ce boycott concerna le domaine sportif qui se traduisit par l’exclusion de l’Afrique du Sud des jeux olympiques, à partir de 1964 et d’autres compétitions touchant son sport-vedette : le rugby. Chaque match disputé par l’Afrique du Sud était perturbé par des manifestations populaires.

Le mouvement international de boycott après un long et infatigable travail sur le terrain participa sur le long terme à la fin de l’apartheid.

LE MOUVEMENT DE BOYCOTT BDS :

Le 9 juillet 2005, plus de 170 organisations palestiniennes (syndicats, réseaux de réfugiés, organisations de femmes, associations de défense des droits humains et autres organisations) appelèrent « les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël semblables à ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid ».

Cet appel donna naissance au mouvement de boycott BDS (Boycott Divestment Sanctions ou Boycott Désinvestissement et Sanctions en français).

Cet appel visait à exercer une pression non-violente sur l’Etat d’Israël pour l’obliger à mettre fin à la colonisation et au respect du droit international et des résolutions des Nations Unies.

Depuis 2005, le mouvement de boycott BDS a fait tache d’huile dans le monde. Il s’inspire clairement et largement des campagnes qui avaient contribué à la fin du régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Autrement dit, un mouvement citoyen mondial pacifique, ciblant non des personnes, mais des institutions (entreprises, marques, produits…) qui sont de connivence avec la politique colonialiste israélienne.

Face à la menace que fait peser le mouvement BDS sur son économie et son image, l’Etat d’Israël et ses alliés occidentaux cherchèrent à criminaliser cette campagne de boycott.

Aux USA, en Grande-Bretagne, en France et dans d’autres pays européens, des procès sont intentés contre les militants BDS cherchant à qualifier leur action d’antisémitisme.

En dépit de ces pressions, les campagnes BDS sont arrivées à réaliser plusieurs succès.

C’est ainsi et à titre d’exemple parmi tant d’autres, que la multinationale PUMA avait perdu des millions de dollars suite à des appels au boycott de cette marque à partir de 2018. Un appel suivi dans plus de 20 pays.

Le mouvement BDS demanda à PUMA de cesser de sponsoriser la fédération israélienne de football qui dirigeait des clubs basés dans les colonies illégalement installées sur le territoire palestinien.

Ce mouvement a perturbé des festivals de cinéma, des concerts, des expositions à travers le monde. Le spectre de sa diffusion à une échelle mondiale grandit et fait peur à toutes les entreprises qui cautionne et aide l’apartheid israélien.

Les campagnes d’appel au boycott de BDS s’inscrivent également dans ce temps long, et elles ont obtenu plusieurs succès dans le monde depuis 2005.

Elles devraient se développer et trouver le plus grand écho chez les millions de citoyens qui ont exprimé, ces dernières semaines, leur solidarité avec le peuple palestinien à travers les dizaines de manifestations gigantesques organisées partout dans le monde.

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