février 25, 2021
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Réflexions à chaud sur les événements du 19 et 20-02-2021

Kaddour Chouicha

Réflexions à chaud sur les événements du 19 et 20-02-2021

Par KADDOUR CHOUICHA in Facebook 22-02-2021

Les membres du HIRAK, citoyennes et citoyens, et leurs familles et amis (es) en particulier et tous les Algériens et Algériennes en général viennent de vivre deux journées particulières le 19 et le 20-02-2021 puisque qu’il y a eût la libération d’une partie de ceux et celles qui étaient emprisonnés arbitrairement, que ce soit pour leurs opinions et écrits ou pour leur leurs positions politiques ou par les actions pacifiques qu’ils et elles ont menés en tant qu’hommes et femmes libres.

Nous ne pouvons qu’être heureux mais cela ne doit pas nous empêcher de saisir ce qui se passe car tous les événements entrent dans une stratégie, qu’elle soit plus ou moins imposée n’enlève rien au fait qu’elle se veut relever d’une cohérence. Surtout qu’il semble qu’il a était mis un frein à cette démarche de pseudo-ouverture donc cela nous renseigne sur l’existence de clans, chacun avec sa propre stratégie.

C’est pourquoi je partage ces réflexions pour initier un débat car nous sommes à la deuxième année du HIRAK. Si les marches du HIRAK ont été suspendues pendant longtemps pour cause de Pandémie et de répression, nous nous devons de comprendre ce qui se passe pour décider ensemble de ce qui doit être programmé à défaut d’être réalisé.

Du point de vue du principe cette libération qui s’apparente à une grâce pour certains, à une libération provisoire pour d’autres n’a pu encore livrer tous ces secrets mais elle n’a pu voir le jour que parce qu’il y a une pression qui ne fléchit pas et qui de plus est multiforme et peut avoir plusieurs sources.

Nous citerons évidemment le fait que le HIRAK, même sans les marches hebdomadaires, a tenu, même si c’est de façon très inégale et qu’il a su trouver en partie dans les réseaux sociaux l’espace nécessaire pour empêcher qu’on l’oublie. Les villes qui maintenaient les marches hebdomadaires en sont l’expression la plus aboutie alors que les rassemblements et manifestations qui se tenaient, même avec un nombre très réduit, empêchaient que le fil ou le cours des événements soit rompu.

L’activité sans relâche des avocats et avocates a pesé même si ce n’est pas la majorité de ce corps qui avait choisi la voie de la justice.

On ne peut ignorer la pression exercée par la diaspora Algérienne établie à l’étranger qui a su apporter un souffle régénérateur et a empêché que la répression se fasse en vase clos en Algérie. Les multiples actions réalisées, marches, dénonciations, rencontres virtuelles, interpellation des instances onusiennes, du parlement Européen, des gouvernements de certains pays Européens ont montré l’efficacité et le rôle moteur qu’a joué la diaspora contre la répression.

Peut on omettre le fait que de nouveau le conseil des droits de l' »homme se réunira le la fin février 2021 et qu’à ce titre le pouvoir Algérien n’aime pas que l’on parle de lui dans les instances internationales.

Faut-il inclure l’intervention du nouveau locataire de la maison blanche qui a déclaré remettre la question des droits de l’homme au centre. En disant cela je ne crois pas que les Etats unis ou l’occident de façon générale ont changé de nature mais nous ne devons pas ignorer le fait que tous les dictateurs des pays comme le notre tremblent à la moindre pensée de se voir rappeler à l’ordre.

Paradoxalement, même la France qui a réussit à faire valider la nouvelle constitution Algérienne dans les conditions que l’on sait, peut pousser le pouvoir Algérien à prendre de telles mesures pour calmer la colère de la population qu’elle sait rétive au fait de voir l’armée Algérienne faire le sale boulot pour la France dans les pays du sahel. Espérant voir ainsi le HIRAK faiblir ou se calmer pour appliquer justement, sur le terrain, l’envoi de l’armée Algérienne.

Je pense aussi que c’est parce que la répression semblait n’apporter aucune solution durable car même ceux et celles qui sortaient de prison faisaient des déclarations qui montraient leur détermination.

La crise économique qui travaille la société depuis longtemps et qui a pris un cours désastreux pour une grande partie de la population, aggravée en cela par la Pandémie ou plus exactement par la gestion de la Pandémie, remet la question sociale dans le débat car la colère, qui ne fait qu’augmenter, peut et doit se joindre à celle qui s’affirme et se montre depuis le 22-02-2019, à travers le HIRAK, pour balayer tout le système.

De plus on ne peut oublier des événements survenus il n’y a pas très longtemps (en fait événements qui se sont accumulés) en particulier la question de la torture et des mauvais traitements infligés aux détenus (Karim TABOU, Brahim Laalami, Sami DERNOUNI, Ibrahim DAOUADJI et peut être un grand nombre d’autres personnes) et surtout le cas du jeune Walid NEKKICHE qui a vu un sentiment de colère et de dégoût viser, certes, le régime mais surtout sa branche coupable c’est-à-dire la direction de la sécurité intérieure (la vraie police politique). Cette colère et ce dégout remonte à très loin mais il a fallu cette accumulation, le courage d’un jeune homme et des avocates et avocats pour casser toute confiance en cet appareil (pour ceux ou celles qui avaient encore un peu de confiance).

Quand je vois la nature de ceux et celles qui ont été libérés et/ou qui seront libérés, je l’espère, et qui ont fait l’objet d’un traitement spécial de la part de ce service (Karim TABOU, Khaled DRARENI, Brahim LAALAMI, Sami DERNOUNI etc…) je ne peux que me poser des questions sur le contenu des révélations prochaines qui le viseront. Faut-il croire que cet appareil est tombé en disgrâce ou bien ne fait-il que le dos rond pour laisser passer la crise. Dans les deux cas le HIRAK doit profiter de cet épisode pour gagner encore plus d’espace.

Il serait aussi injuste de ne pas souligner l’effet qu’a eût la marche qui s’est déroulée le 16-02-2021 à Kherrata et celle qui s’en est suivi le 19 à Khenchela, car même si certaines décisions semblaient être prises avant par un des clans, la survenance de ces marches avec la participation nombreuse et représentative de tout le pays ne pouvait que créer encore plus de pression.

Il nous reste cependant à nous poser la question de savoir est ce que les forces de police et de gendarmerie continueront à servir de bras répressif avec plus de férocité, donc remplacer pour un bout de temps le retrait tactique de la police politique. De même doit on s’interroger sur l’évolution de l’instance judiciaire car personne ne peut feindre d’ignorer que les citoyens et citoyennes ont été libérés c’est parce qu’ils étaient tout d’abord innocents et qu’ils doivent au contraire revendiquer une réparation pour ce qu’ils et elles ont subi.

Nous sommes encore loin de notre but mais le retour des marches et la maturation et organisation du HIRAK nous permettent d’être optimiste, à condition toutefois de ne ni désespérer, ni lâcher prise. Certes le pouvoir n’a pas l’intention de remettre le tablier et il a surement des scénarios préparés pour les situations qui lui apparaîtront plus critiques, c’est-à-dire le retour des marches en force.

faut il croire que le peu de respect réservé aux décisions prises par TEBBOUNE, notamment le changement de gouvernement et la dissolution de l’APN, sans préciser la date des élections, propositions qui n’ont pu calmer la population, est un indice qui conduit surement à des scénarios ou « tout doit changer » pour que « rien ne change » (élections présidentielles et autres) qui serviront au renouvellement de la vitrine « démocratique » du pays.

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