Par Yahia Bounouar @Facebook 15 juin 2019
En ce 17ème vendredi de la révolution pacifique, les algériens ont manifesté par millions à travers tout le pays. Leur détermination est intacte et leur volonté d’en finir définitivement avec ce régime mais aussi et surtout de construire leur propre avenir. Ils le clament depuis des mois, ils veulent construire un état de droit, de justice et de solidarité dans lequel, eux et leurs enfant vivront dans la liberté, la dignité et la prospérité. En face, le commandement militaire, plutôt que de répondre aux revendications légitimes, s’enferment dans les manœuvres de basse politique et s’entête à vouloir garder le pouvoir.
Plutôt que d’ouvrir une phase de transition démocratique, d’ouvrir les champs politique et médiatique, de libérer les détenus politiques, d’autoriser les exilés à rentrer chez eux, il s’obstine à vouloir à tout prix organiser une élection présidentielle pour faire élire son candidat.
Sur le terrain, le commandement militaire a mis à sa botte la quasi totalité des médias qui non seulement ne couvrent plus les millions d’algériens qui manifestent dans les rues pacifiquement mais tentent de les manipuler en demandant ouvertement aux gens « de rentrer chez eux ». De même, les arrestations se multiplient. Ce vendredi, des dizaines de jeunes militants ont été interpellés, sur les routes, à la grande poste mais aussi et c’est plus grave, à leurs domiciles dans la matinée. La plupart ont été libérés après 18h et n’ont pu participer aux manifestations. D’autres ont été interpellés sur les axes routiers menant à la capitale, aussi bien à l’est qu’à l’ouest. A quoi riment ces pratiques alors que la majorité des algériens aspire à un état de droit ? Comment croire Gaid Salah, lorsqu’il dit que la justice n’est pas aux ordres alors que dans le même temps il met aux ordres l’ensemble des médias ? Comment croire le commandement militaire qui dit qu’il est du coté de la révolution pacifique alors que dans le même temps il fait tout, absolument tout, pour éteindre cette flamme ? Comment croire que les militaires sont disposés à rendre le pouvoir aux civils alors qu’ils refusent toute les propositions ?
Nous sommes à une étape décisive. D’un coté un pouvoir militaire de fait et de l’autre une mobilisation populaire qui veut en finir avec la tutelle militaire. D’un coté, un peuple révolutionnaire qui cherche à récupérer sa souveraineté et de l’autre un quarteron de généraux qui s’agrippent à un pouvoir qui ne leur appartient pas.
L’histoire, ancienne et moderne, contient tant et tant d’exemples dans lesquels les militaires, par la force des armes, ont soumis des peuples, avec les lots de meurtres, de tortures, de disparitions, d’emprisonnements et d’exils. Mais elle nous enseigne aussi qu’à la fin, un peuple déterminé gagne toujours. Il se libérera, il s’émancipera et il construira son avenir. Ceux qui s’y opposent finiront dans les poubelles de l’histoire. Ainsi va l’histoire depuis que l’histoire existe. Ce ne sont pas les princes, les rois, les dictateurs, les présidents, les généraux, les vendus aux uns et autres qui ont fait et qui font l’histoire. Jamais, ceux qui ont fait, font et feront l’histoire, ceux sont les peuples.
En vérité, il n’y a qu’une seule histoire réelle, c’est l’histoire de l’humanité, l’histoire des peuples en lutte. Nous avons à y prendre notre part. Beaucoup de peuples dans notre région mais également à travers le monde nous suivent, nous regardent, nous admirent et attendent avec espoir que nous nous libérions définitivement de ce régime. Alors, à leur tour, partout sur la planète, ils se révolteront.
Avant de devenir la Mecque des corrompus, Alger a été la Mecque des révolutionnaires. Nous allons remettre l’histoire sur le bon chemin.
Un phare nous avons été, un phare nous restons.
Tahia El Djazaïr !