Amnesty International 19 octobre 2022
ALGÉRIE : CONFIRMATION DE LA CONDAMNATION D’UN ACTIVISTE
Mohamed Benhlima est un activiste, ancien militaire et lanceur d’alerte, qui a révélé la corruption de hauts responsables militaires algériens et en a fait état sur Internet. En 2019, il a fui l’Algérie pour l’Espagne, craignant d’être poursuivi par les autorités pour sa participation à un mouvement de protestation pacifique contre le gouvernement algérien. En 2021, il a été condamné à mort par contumace. Dans trois autres procès, une cour d’appel d’Alger a confirmé le 4 septembre 2022 les condamnations pour « participation à une organisation terroriste » et « publication de fausses nouvelles portant atteinte à l’unité nationale », et a condamné Mohamed Benhlima à un total de douze ans de prison. Selon les informations fournies par un membre de sa famille proche, d’autres procédures sont en cours contre Mohamed Benhlima. Mohamed Benhlima est actuellement détenu à l’isolement dans une prison militaire.
Votre Excellence,
Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes concernant le maintien en détention de Mohamed Benhlima. Il est détenu à la prison militaire d’El-Blida depuis le 28 avril 2022. L’ancien militaire continue d’être placé à l’isolement, dont il ne peut sortir que dix minutes par jour. Il n’a aucun contact avec les autres détenus. Les fonctionnaires de la prison militaire d’El-Blida lui ont en outre interdit de recevoir de la nourriture, des vêtements ou même des livres de sa famille.
La condamnation à mort de Mohamed Benhlima pour espionnage et désertion a été prononcée par contumace en 2021, alors qu’il se trouvait encore en Espagne en tant que demandeur d’asile. Dans trois autres procès, les condamnations pour « participation à une organisation terroriste » et « publication de fausses nouvelles portant atteinte à l’unité nationale » ont été confirmées le 4 septembre 2022, et Mohamed Benhlima a été condamné à un total de douze ans de prison.
Le 19 juin, il a témoigné devant le tribunal de Kolea qu’après son expulsion vers l’Algérie le 24 mars 2022, il avait été torturé et maltraité pendant plusieurs jours par des membres de la sécurité militaire au centre de renseignement S’hawla à Alger. Il aurait notamment été mis à nu et arrosé d’eau glacée. Les autorités algériennes n’ont pas fourni publiquement les preuves d’une enquête officielle sur les allégations de torture et de mauvais traitements formulées par Mohamed Benhlima. Une telle enquête avait pourtant été demandée par sa famille dans une lettre adressée aux autorités algériennes le 25 juin.
Je vous demande instamment de procéder à la libération immédiate de Mohamed Benhlima et d’annuler la condamnation à mort prononcée à son encontre. Veuillez veiller à ce que toutes les poursuites pénales soient abandonnées, Mohamed Benhlima n’ayant fait qu’exercer ses droits à la liberté d’expression et de réunion.
En attendant sa libération, je vous demande instamment de mettre fin à son isolement et de veiller à ce qu’il soit détenu dans des conditions conformes aux normes internationales et à ce qu’il soit protégé contre la torture et les autres mauvais traitements.
Continuez à lui accorder le droit de communiquer régulièrement avec sa famille et ses avocats*, et abstenez-vous de toute forme d’intimidation à l’encontre de sa famille.
Sincères salutations
DÉFENDEZ MOHAMED BENHLIMA !
envoyer la lettre https://www.amnesty.de/mitmachen/urgent-action/algerien-%20Urteil-gegen-Aktivisten-best%C3%A4tigt-2022-10-19