avril 24, 2019
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El Gaid joue le Président en… uniforme

El Gaid joue le Président en… uniforme

Hassan Moali

Par Hassan Moali in Facebook 24 avril 2019

Le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah a confirmé, dans une large mesure, ce que de nombreux observateurs ont pu déceler dans sa démarche lors la démission du Président Bouteflika.

Le général, s’est imposé au fil des jours et des discours, comme l’homme fort du pays, quasiment un Président de fait. Légalement, il n’est qu’un vice- ministre de la Défense -qui n’existe plus d’ailleurs après la démission du Président Bouteflika, et à ce titre, il ne pouvait s’ingérer dans les affaires politiques.
Mais, de fait, il prend chaque jour du galon poussant l’outrecuidance jusqu’à discourir solennellement, comme un chef d’Etat qui peut ordonner à la justice de lancer des poursuites judiciaires -pour l’instant sélectives et orientée- critiquer les partis de l’opposition, voire les blâmer d’avoir boycotté les consultations carnavalesques de Bensalah.

Il a beau répéter à qui veuille bien l’écouter, qu’il n’a aucune ambition politique, les faits sont là, obtus et têtus. Ahmed Gaid Salah agit comme le patron du pays et se permet de verbaliser et avertir tout le monde.
Constitutionnellement, c’est clairement une dérive dangereuse d’un officier supérieur de l’armée. Lui qui s’accroche au strict respect Constitution, se permet de jouer avec de manière désinvolte en se donnant les attributs d’un chef d’Etat.

Et ce n’est pas avec ce fameux «complot de 2015» qu’il sert à chaque occasion qu’il va convaincre les algériens et ceux qui s’attachent au sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, qu’il est dans son rôle.

Non, Mon Général, les algériens ne vont ont pas donné mandat pour parler en leur nom encore moins décider en leurs noms. 
Un Président fut-il mal élu, peut tenir un tel langage et lancer ce genre de discours, mais pas un chef de l’armée, au risque de se voir accuser à juste titre d’ailleurs d’outrepasser gravement ses prérogatives constitutionnelles.

«Nous avons constaté l’apparition de certaines voix qui ne veulent aucun bien à l’Algérie, appelant à l’entêtement et l’acharnement à maintenir les mêmes positions préétablies, sans tenir compte de tout ce qui a été réalisé, le rejet de toutes les initiatives et le boycott de toutes les démarches».

Un militaire qui ordonne à… la justice

Cette affirmation est une accusation à peine voilée aux partis de l’opposition et à toutes les personnalités nationales qui ont décliné la feuille de route de Bensalah par ailleurs rejeté par le mouvement populaire. 
Gaid Salah est-il dans son droit de porter ce genre de jugements ? Sans doute non. En quelle qualité, Mon Général, vous vous autorisez à faire la leçon aux partis qui sont libres d’avoir les positions qu’ils veulent ?

Plus grave encore, le patron de l’armée met les pieds dans le plat en accusant ces partis de vouloir plonger le pays dans le vide constitutionnel et la violence.

«Ces voix et ces positions obstinées œuvrent à entraîner le pays vers le piège du vide constitutionnel et le faire entrer dans la spirale de la violence et de l’anarchie, ce que refuse catégoriquement, à la fois, tout citoyen dévoué à sa patrie et l’Armée nationale populaire »a -t-il soutenu en effet. Hallucinant !

Gaid Salah a également critiqué la population qui s’en prend aux ministres et aux walis, en mettant en garde «contre ce phénomène étrange qui consiste à l’incitation à entraver l’action des institutions de l’Etat et d’empêcher les responsables d’accomplir leurs missions.

Ce sont là des comportements contraires aux lois de la République que ne peut accepter le peuple algérien jaloux des institutions de son pays et que ne peut tolérer l’Armée Nationale Populaire».

Illégitime dans sa position, le chef de l’armée se permet de légitimer un gouvernement rejeté par le peuple, seule source de pouvoir en vertu de l’article 7 de la Constitution. 

Et ce n’est pas fini. Ahmed Gaid Salah affiche nonchalamment la couleur en reconnaissant avoir personnellement ordonné à la justice d’accélérer les poursuites judiciaires contre les corrompus.

«J’ai appelé l’appareil de la justice, dans mes interventions précédentes, à accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics et de juger tous ceux qui ont pillé l’argent du peuple», a indiqué le général de corps d’armée.

Ceci est le grand écart par excellence. C’est l’usurpation caractérisée des attributions régaliennes de la justice qui, par la force de la loi, est seule habilité à s’autosaisir de ces affaires. Ce qu’a fait Gaid Salah relève clairement de la loi de la force.

Indépendamment du souci de mettre fin au pillage des deniers publics et la mise hors d’état de nuire de tous les voleurs, le général enfreint gravement le principe de séparation des pouvoirs et se met illégalement dans la posture d’un président de la république.

Etant, du mois théoriquement, indépendante, la justice n’est pas censée recevoir un ordre encore moins d’un officier de l’armée qui est lui-même, au même titre que tous les fonctionnaires de l’Etat, susceptible d’être poursuivi.

Seul un Président disposant d’un mandat du peuple, en sa qualité de premier magistrat du pays, a le droit de lancer un tel appel sans que personne ne trouve à redire.

Le printemps du patriarche

Le chef d’état-major de l’armée se rappelle d’ailleurs à la fin de son discours que le peuple algérien est «souverain dans ses décisions, et c’est à lui qu’il appartient de trancher la question lors de l’élection du nouveau président de la République, qui aura la légitimité requise pour satisfaire le reste des revendications populaires légitimes».

Quelle mouche l’a-t-elle piqué donc pour fourrer son nez dans des affaires qui le dépassent ? Il est vrai qu’il n’est à la première incohérence prés dans ses discours. 

Il est dommage de le voir le «patriarche» prendre des décisions qui ne sont pas de son ressort sans prendre l’avis de ce même peuple au prétexte que le pays «n’a cessé d’être la cible de complots abjects, pour le déstabiliser et mettre en péril sa sécurité, en raison de ses positions constantes et sa décision souveraine refusant tout diktat».

En feignant rassurer le peuple, Gaid Salah se met en porte à faux avec les exigences de ce même peuple qu’il trouve «irréalistes». 
Le slogan fétiche des manifestants «khawa-khawa», pour signifier qu’il partage le même combat avec l’armée a vécu. Il n’a plus aucun sens maintenant que la posture offensive de son chef contre tout le monde, ne laisse plus l’ombre d’un doute qu’il mène un combat …douteux.

L’épouvantail de Toufik agité à tout bout de champ pour justifier toutes ses dérives constitutionnelles, ne trompe plus personne. L’agenda de Gaid Salah n’est pas calé sur celui du peuple.

Le général s’avère un allié objectif des «forces extraconstitutionnelles» et de la «Issaba» contre lesquelles qu’il prétend lutter.

Le dessein est de réanimer le régime en le présentant, à l’issue d’une présidentielle cousue main, en tenue de soirée pour créer une illusion d’optique auprès du peuple. Le peuple qui a fait partir Bouteflika n’est pas dupe. Rahou, fayeq.

Plus que jamais son slogan est : « Tetnahaw gaa».

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