juillet 1, 2019
3 mins read

Hirak 18 (28 juin 2019) par Said Mekki

Hirak 18 (28 juin 2019) in Algeria Watch

Le constat s’impose à tous en ce 19ème vendredi de revendication populaire : l’impasse politique est complète. Le chef de l’armée demeure intraitable. Seul son agenda de sortie de crise, par une élection présidentielle, est sur la table. Pour le chef des généraux, il n’y a pas d’alternatives, ni de compromis possible ni dérogation à la tenue d’élections présidentielles. Ce dont la population ne veut pas, car elle sait d’expérience que l’ANP, armée invincible, quand elle s’engage dans une bataille électorale, n’envisage que la victoire… Au fil de ses monotones discours hebdomadaires, le chef d’Etat-Major, porte-parole exclusif du régime, laisse néanmoins paraître une certaine impatience. Le recours menaçant aux classiques de la diversion et de la division de la société sur des prétextes « culturels » en témoigne. La provocation pseudo-nationaliste autour des emblèmes est révélatrice de l’état d’esprit du commandement tenté par l’option répressive. Les arrestations inacceptables de manifestants en sont la traduction concrète. Mais les décideurs comprennent néanmoins qu’une certaine ouverture, au moins formelle, est nécessaire pour éviter un isolement politique difficile à assumer. Dans ce but, et pour nuancer la rigidité toute militaire de la posture, les médias aux ordres annoncent, sans bien sûr poser d’embarrassantes questions, qu’un « coordinateur de l’opposition » est désigné pour mener des discussions avec ceux qui sont effectivement aux commandes de l’Etat. Le profil de ce « coordinateur », un apparatchik bon teint, ancien diplomate pendant la « sale guerre » et ancien ministre (de l’information…) congédié par Abdelaziz Bouteflika, en dit long. Tant sur son autonomie, inexistante, vis-à-vis du centre effectif de décision que sur l’irréalité politique de l’« opposition » décorative qui l’aurait désigné. Décidément, s’il est un domaine dans lequel le régime algérien excelle c’est bien celui des faux-semblants, des leurres et des tours de passe-passe. C’est la trame de fond d’une culture conspirative construite sur le contrôle du pouvoir, à tout prix et par n’importe quel moyen. En pleine conformité avec une tradition autoritaire et manipulatrice éprouvée, le régime signifie qu’il n’entend négocier qu’avec lui-même. Cette ligne est visiblement rejetée par l’opinion qui comprend que tout abandon de principes, essentiellement sur la nature civile de l’Etat et sur le respect de la souveraineté populaire, signerait le retour à la case départ d’une dictature sans partage. La conscience partagée des enjeux explique la mobilisation constante et à un haut niveau de la société tout entière.

Le jeu politique semble donc verrouillé. Les deux acteurs du drame algérien, l’armée et le peuple, campent sur des positions plutôt inconciliables dans l’état actuel du rapport de forces. La lutte contre la corruption est la seule offre politique de militaires, visiblement incapables de trouver en leur sein une personnalité suffisamment crédible pour représenter un changement convaincant. Il n’existerait pas d’équivalent de Vladimir Poutine dans le sérail… Cette incapacité à se renouveler au minimum et, encore moins, à envisager un élargissement démocratique de la base et du fonctionnement du système est préoccupant. Les décideurs savent pourtant la trajectoire de choc dans laquelle le pays est engagé. Quand les réserves de change seront consommées, dans 15 à 24 mois au grand maximum, à moins d’un miracle, il ne restera plus aucune marge de manœuvre économique dans une situation générale sinistrée. Si la question politique n’est pas rapidement résolue, le pays devra faire face dans les pires conditions à des contraintes désastreuses. Plutôt qu’une répression à courte vue, et condamnée à l’échec, du mouvement populaire, l’armée doit opter de toute urgence pour la primauté de l’intérêt national sur toute autre considération. La responsabilité de ceux qui tiennent actuellement les rênes de l’Etat est donc très directement engagée.

Article précédent

شاهد … التصريح الذي سجن من اجله المجاهد الأخضر بورقعة

Article suivant

شاهد كلمة للناشط إبراهيم لعلامي في مسيرات الطلبة اليوم 02-07-2019

Latest from Blog

منظمة حقوقية تدين سجن ناشطة في الجزائر بتهمة الإرهاب بسبب أغنية

أعربت منظمة « شعاع » لحقوق الإنسان عن استيائها لإقدام السلطات الأمنية في الجزائر على اعتقال الناشطة الجزائرية جميلة بن طويس وما تعرضت له من تهم رأت المنظمة أنها « كيدية » من قبل السلطات على خلفية ممارستها لحقها في

« اليمين التكنلوجي »…كيف أصبح « وادي السيليكون » متطرفًا

« اليمين التكنلوجي »…كيف أصبح « وادي السيليكون » متطرفًا .تحليل موقع « ميديا بارت » الاستقصائي الفرنسي عبر صفحة الكاتب والصحافي خالد حسن: مدير تحرير صحيفة الأمة الإلكترونية إيلون موسك وبيتر ثيل، على رأسهم، يجمع اليمين التكنولوجي

BENHALIMA M. AZZOUZ, TORTURÉ EN DÉTENTION

ANCIEN OFFICIER MILITAIRE ALGÉRIEN, BENHALIMA M. AZZOUZ, TORTURÉ EN DÉTENTION, ALKARAMA APPEL URGENT AU RAPPORTEUR SPÉCIAL DE L’ONU SUR LA TORTURE Source : https://www.alkarama.org/en/articles/former-algerian-military-officer-benhalima-m-azzouz-tortured-detention-alkarama-urgently Le 12 mars 2024, Alkarama s’est adressée en
Aller àTop

Don't Miss

الجزائر الجديدة. طريق التوافق ومأزق « التواطؤ »

الجزائر الجديدة 149 – تحرير وتصوير رضوان بوجمعة طريق التوافق

47 vendredis contre des décennies de régression: le Hirak a remis l’Algérie en mouvement

Saïd Djaafer 14 Janvier, 2020 radiom.info A quelques semaines du