Parution prévue pour le 21 février 2020 par Benderra / Geze / Mellah.
Depuis le 22 février 2019, chaque vendredi, les Algériens descendent dans les rues, parfois par millions, pour réclamer le départ du régime en place depuis l’indépendance : « Qu’ils dégagent tous ! », « Les généraux à la poubelle ». Un mouvement, appelé « hirak » en arabe, d’une ampleur inédite dans l’histoire du monde contemporain : on n’a jamais vu la majorité de la population opprimée d’un pays manifester ainsi pacifiquement dans les rues de ses villes pendant des mois pour exiger une authentique démocratie.
Ce livre tente de rendre compte de cette extraordinaire ébullition, qui a sidéré tous les observateurs. Il réunit les contributions de journalistes et professionnels algériens qui ont suivi sur place le mouvement au jour le jour, ainsi que celles de spécialistes, algériens et français, qui observent l’actualité du pays depuis des décennies.
D’où l’intérêt de ce livre sans équivalent, qui montre d’abord comment les slogans exprimés de mille manières dans les manifestations du hirak ont révélé la remarquable lucidité du peuple sur la nature du régime. Ils expriment sans détours que, depuis les années 1980, celui-ci est dirigé par l’équivalent d’une coupole mafieuse, principalement composée par les chefs de l’armée et de la police politique, réunis autour du partage des circuits de corruption. Une coupole qui se cache derrière une façade politique civile constituant une fausse démocratie à base de ministres et de partis, « laïques » ou « islamiques », sans aucune autonomie réelle.
Après avoir rappelé les évolutions récentes de ce régime, qui permettent de comprendre les origines profondes du soulèvement, les auteurs rendent compte en détail de ses multiples facettes, comme l’inventivité et l’humour des manifestant.e.s, la place essentielle des jeunes et des femmes ou la revendication centrale d’une « seconde libération », celle du peuple après celle du pays en 1962. Mais aussi la mobilisation spécifique des étudiant.e.s, sans négliger le rôle de la presse et des réseaux sociaux, ni les réactions à la répression exercée par les forces de sécurité.
En se concluant par une série de révélations sur les effets du hirak au sein du pouvoir (règlements de comptes à la tête de l’armée et de la police politique, arrestations d’oligarques liés aux réseaux de corruption de certains clans…), ainsi que sur les réactions des grandes puissances, cet ouvrage très accessible apporte des clés essentielles pour comprendre l’un des plus puissants mouvements sociaux de l’histoire moderne.
Omar Benderra (économiste), François Gèze (éditeur), Rafik Lebdjaoui (journaliste) et Salima Mellah (journaliste) sont membres de l’association Algeria-Watch, créée en 1997 pour dénoncer les violations des droits humains en Algérie et faire connaître les réalités de son régime et de sa société. Son site est considéré comme une référence incontournable par de nombreux acteurs, en particulier en Algérie même.
Les contributeurs : Abdelghani Badi, Lakhdar Benchiba, Omar Benderra, Ré-douane Boudjemaâ, José Garçon, François Gèze, Moumen Khelil, Rafik Lebdjaoui, Hocine Malti, Hassina Mechaï, Mohamed Mehdi, Salima Mellah, Drifa Mezenner, Habib Souaïdia.
Abdelghani Badi, avocat à la Cour d’Alger et militant des droits de l’homme, a reçu en 2016 à Alger le prix « Mahmoud Khélili » des droits de l’homme.
Lakhdar Benchiba, politologue et journaliste, est l’auteur de plusieurs études dans des revues spécialisées sur le système politique et les médias algériens, et de nombreux articles sur le site d’information en ligne Orient XXI.
Omar Benderra, économiste, ancien président de la Banque publique algérienne (1989-1991), est consultant indépendant. Il est l’auteur de nombreux articles sur l’économie algérienne et le régime. Il est membre de l’association Algeria-Watch et a publié de nombreux articles sur son site.
Rédouane Boudjemaâ, ancien journaliste, est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université d’Alger. Auteur de trois livres, il a publié de nombreux articles dans des ouvrages collectifs et des revues, en Algérie et à l’étranger.
José Garçon, membre de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, ancienne journaliste à Libération, est spécialiste du Maghreb et plus particulièrement de l’Algérie.
François Gèze, éditeur, a dirigé de 1982 à 2014 les Éditions La Découverte, où il a notamment publié de nombreux livres consacrés à l’histoire de l’Algérie coloniale et à l’Algérie contemporaine. Il est membre depuis 1998 de l’association Algeria-Watch et a publié de nombreux articles sur son site.
Moumen Khelil a été secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).
Rafik Lebdjaoui, journaliste, est membre de l’association Algeria-Watch.
Hocine Malti, ingénieur des pétroles, a participé à la création de la Sonatrach, dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Aujourd’hui consultant pétrolier, il est l’auteur de Histoire secrète du pétrole algérien (La Découverte, 2010) et de nombreux articles sur l’économie algérienne.
Hassina Mechaï, journaliste franco-algérienne, travaille pour différents médias internationaux et français, dont LePoint.fr, Middle East Eye, Ehko, Ballast, Middle East Monitor. Elle s’intéresse à la gouvernance mondiale, à la société civile et au soft power médiatique et culturel.
Mohamed Mehdi est le pseudonyme de Lazhar Djeziri, journaliste au Quotidien d’Oran. Ingénieur de formation, il a commencé le journalisme fin 1994 à L’Hebdo libéré, avant de rejoindre l’équipe de La Nation puis de Libre Algérie.
Salima Mellah, journaliste, a créé en 1997 l’association Algeria-Watch (et son site Internet ), consacrée à la dénonciation des violations des droits humains en Algérie, qu’elle anime depuis lors. Elle est l’auteure de nombreux rapports et études sur les violations des droits humains dans les pays arabes.
Drifa Mezenner est une cinéaste algérienne qui vit et travaille à Alger, auteure notamment du court-métrage J’ai habité l’absence deux fois (2011, primé dans deux festivals) et fondatrice en 2018 de Tahya Cinema, plateforme numérique pour la communauté algérienne du cinéma. Depuis le début du hirak, elle a régulièrement filmé les manifestations des vendredis à Alger et ces vidéos, de grande qualité, ont eu un très large écho sur sa chaîne YouTube.
Habib Souaïdia est l’auteur de La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne (La Découverte, 2001) et de nombreux articles publiés sur le site Algeria-Watch. Il vit en France depuis 2000, où il est réfugié politique.