novembre 25, 2019
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Pourquoi les escaliers ?

Abdallah Benadouda 25 novembre 2019 @Facebook

La révolution du 22 février n’a pas commencé le 22 février. Elle n’a pas, non plus, commencé quelques jours avant à Kherrata la mythique. La révolution du 22 février est la somme de toutes les résistances du peuple algérien depuis 1962. Toutes les victimes du régime algérien, tous les morts, les prisonniers, les exilés des cinquante dernières années ont participé, d’une manière ou d’une autre à cette formidable révolution. Ou pas.

Peut-être que j’ai tort et que le 7irak a commencé vers la mi-février et qu’il est un mouvement né du ras-le-bol d’un peuple gavé de Bouteflikisme et de toute sa bande de corrompus incompétents. Roubbama !

El mouhim, il peut y avoir plusieurs avis et analyses sur l’éclosion de cette formidable aventure, mais une chose est sûre : La révolution n’est pas terminée. Se tromper sur son origine n’est pas grave, mais penser qu’elle est finie est une erreur monumentale. Et ils sont nombreux à l’avoir commise : D’abord Gaid Salah, en pensant avoir réglé le problème en surfant sur la vague et en nous débarrassant d’une partie de la 3issaba, oubliant au passage qu’il en fait partie et que le peuple ne s’est pas soulevé, seulement, pour empêcher le 5e mandat, mais pour faire tomber le régime dont Ahmed Gaid Salah est l’un des principaux piliers.

Bref, que le régime ne comprenne pas, ou fasse mine de ne pas comprendre est normal. Il est dans son rôle : Aveugle; sourd et brutal.

Il y a ensuite les “ pressés d’en finir” et les “génies de la lampe”. Les premiers, dès la chute de Bouteflika et l’arrestation de ses principaux alliés, ont décrété que le 7irak était fini, parce que khlass, parce qu’il faut revenir aux affaires etc. On peut les comprendre.

Les seconds, les “génies de la lampe” un peu paternalistes et immodestes ont décidé de faire le bilan d’une révolution qui était en pleine mutation et, forcément, quand on fait le bilan de quelque chose qui n’est pas finie, on se plante. Lourdement.

Dans un article intitulé “Alger, récit d’une nuit de défiance liquide” ( Huffington Post, le 22 novembre 2019), Hamdi Baala disait une chose très belle et très vraie en même temps : “ le mouvement est devenu comme l’eau. Son horizontalité, son pacifisme, son refus de confronter la police malgré la répression et les provocations. La contestation a changé de cours de nombreuses fois, elle a stagné parfois pour éroder patiemment les barrages du pouvoir avec son pacifisme”. La révolution est comme l’eau, elle bouge, elle se glisse partout et elle érode. Elle évolue. Elle est mouvante, émouvante. Elle est vivante.

Mais pourquoi les escaliers allez-vous me dire ? Pourquoi avoir intitulé ce texte ainsi ? Parce que j’adore les escaliers. Je me souviens d’un soir où, avec des amis dont je tairai les noms, on avait abusé de certaines substances en provenance du Royaume du Maroc, l’un d’eux était resté au moins une heure à fixer des escaliers. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi tu regarde les escaliers comme ça ? Il a répondu “ Ma3labaliche had edroudj ila itel3ou wella ihabtou” (je me demande si ces escaliers servent à monter ou à descendre) J’en ris encore.

J’adore aussi les “escaliers de la révolution” vous savez ces escaliers qui mènent vers la clinique Pierre Chaulet à Alger où se réunissent les ultras pour scander de nouveaux slogans ? J’aime regarder les petits clips de ces moments filmés en contre-plongée. ça me remonte le moral.

Mais ce que j’adore le plus ce sont “les escaliers qui mènent au paradis” Bon, dit en français ça sonne comme un film érotique des années quatre-vingt. En fait, j’aime “Stairway to Heaven” de Led Zeppelin. Cette chanson est un chef-d’oeuvre, un pur sommet de majestueuse. Huit minutes de bonheur. J’aime cette chanson parce qu’elle est la somme de plusieurs styles. Elle est unique et très éclectique, comme la révolution du 22 février.


Tout ceux qui ont tenté de la déchiffrer, depuis sa sortie en 1971, se sont plantés. Robert Plant, Co-leader de Led Zeppelin et auteur des paroles, n’arrive pas encore à expliquer son sens. Les paroles ont mille sens, ça ne s’explique pas, ça se vit. Comme la révolution du 22 février.

La chanson a aussi ses détracteurs, ceux parmi les complotistes et conspirationnistes y ont cru déceler des messages codés. Il faut, parait-il, écouter la chanson à l’envers pour y découvrir des messages sataniques. C’est exactement la même chose pour la révolution du 22 février : Si tu te laisse emporter par le flot des paroles du peuple et par la douce musique de la liberté tu appréciera le chef-d’oeuvre, en revanche si tu veux vivre la révolution en marche arrière et aller dans le sens contraire de la marche de l’histoire, tu n’entendra plus la belle mélodie de l’Algérie nouvelle, mais la voix glaçante et caverneuse du passé maudit.

Au final, mon ami avait raison, il faut toujours questionner les escaliers. Servent-ils à monter ou à descendre. Les notres montent. Comme la révolution du 22 février.

…Yes, there are two paths you can go by, but in the long run / There’s still time to change the road you’re on / And it makes me wonder…

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