Human Rights Watch Le Brief du Jour du 21 septembre 2023
Alice Autin: Chercheuse, division ECA / Coordinatrice, Communications et Justice internationale
Une vague de protestations et plusieurs rassemblements de la société civile ont eu lieu en France contre l’arrestation d’une journaliste qui avait révélé des abus présumés de la part de l’armée française.
L’histoire démarre en 2021, lorsque le média d’investigation Disclose publie des documents classifiés montrant qu’une opération secrète de renseignement militaire français aurait soutenu des frappes aériennes égyptiennes meurtrières à la frontière entre l’Égypte et la Libye.
Les documents publiés révèlent que, sous couvert de repérer des activités terroristes, ces frappes aériennes aveugles et illégales auraient pu viser des civils et des trafiquants.
Pire encore, le ministre français de la Défense de l’époque en était parfaitement conscient.
Plutôt que d’enquêter sur le rôle de la France dans ces graves abus, les autorités françaises ont décidé de s’en prendre à la journaliste qui avait contribué à les révéler.
Le ministère français des Armées avait déposé une plainte pour « violation du secret de la défense nationale », ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête pour les mêmes motifs en juillet 2022.
Il y a deux jours, les autorités françaises ont placé en garde à vue l’une des journalistes de Disclose, Ariane Lavrilleux après avoir perquisitionné son domicile.
Il est inquiétant et déplorable que la France se préoccupe davantage d’entraver le travail des journalistes d’investigation que de la manière dont ses armes favorisent les abus de l’Egypte, l’un de ses principaux clients en armement.
Photo: Le président français Emmanuel Macron, à gauche, serre la main du président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi avant une conférence réunissant plusieurs dirigeants mondiaux à Paris, le 12 novembre 2021. © 2021 AP Photo/Francois Mori