Lahouari Addi 23/11/2019 @Facebook
Les manifestations du 40èm vendredi montrent que le pays est en phase révolutionnaire ascendante, exprimant une colère contre un général qui affirme publiquement que les manifestants ne sont qu’un groupuscule au service d’intérêts étrangers.
Cette déclaration insinue que la majorité des Algériens sont des traîtres à la nation. D’où la colère de la rue à l’encontre de Gaid Salah, traité de tous les noms les mardis et vendredis. Le chef d’Etat-Major cristallise sur sa personne le profond mécontentement populaire et, depuis quelques semaines, il est autant rejeté que Bouteflika à l’annonce du 5èm mandat.
Gaid Salah est devenu le visage du régime que les manifestants dénoncent. Ses discours alimentent la colère, alors que son rôle est d’apaiser la rue, de se faire accepter en engageant un dialogue avec les acteurs du hirak. Sa détermination à imposer des élections contre la volonté de la majorité de la population contient un risque sérieux de dérapage. La colère est telle que les manifestants vont empêcher physiquement le déroulement du vote. Un jeune manifestant d’Oran me disait : « En maintenant cette élection du 12 décembre, Gaid Salah déclare que le pays est à lui, et non pas à nous. Nous lui répondons : ya hna ya enta. Ma ranach habsine ».
La semaine précédant la date du vote est pleine de tous les dangers. Il est encore temps d’éviter le pire. Pour cela, l’Etat-Major doit annoncer le report de l’élection et la mise à la retraite de Gaid Salah pour raison d’Etat.
Cela diminuera la colère populaire et ouvrira des perspectives pour un compromis acceptable par le hirak et par l’Etat-Major. Ce qui se passe en Algérie, ce ne sont pas des émeutes que les services de sécurité pourraient légitimement neutraliser pour assurer l’ordre public. C’est une révolution qui vient des profondeurs de la société et de son histoire.
La société a une revendication principale que les membres de l’Etat-Major ont le devoir de satisfaire sous une forme ou sous une autre.
Photo by RYAD KRAMDI / AFP