Yahia Bounouar in Facebook le 27 05 2019.
Le commandement militaire refuse une période de transition. Les généraux qui composent le commandement militaire, avec à leur tête Gaid Salah, s’obstinent à croire qu’ils ne font pas de politique et par conséquent qu’ils n’ont aucun rôle à jouer dans une phase de transition. Ils s’entêtent à vouloir absolument rester dans le cadre constitutionnel alors qu’ils parlent eux-mêmes de crise politique.
Pour eux, pas question de dialogue, de négociations, de discussions puisqu’ils ne font pas de politique. Ils ne comprennent pas, ou plutôt font semblant de ne pas comprendre que depuis le 02 avril 2019 et la démission forcée du cadre devant lequel ils se mettaient au garde à vous, l’équation a changé. Depuis ce jour, le peuple algérien et le monde entier, voient clairement qu’il n’y a plus que d’un coté le commandement militaire et son porte-parole Gaid Salah et de l’autre, un peuple mobilisé, conscient, patient, et surtout déterminé à reconquérir ses droits et sa souveraineté.
Pour faire baisser la pression et affaiblir la mobilisation populaire, le commandement militaire utilise toutes les cartes ; la répression de basse intensité ( interpellations, menaces intimidations etc).
La tentation avec les mesures de gel des poursuites judiciaires contre les jeunes concernés par l’ANSEJ, le sacrifice des corrompus (les 12 poursuivis par la cour suprême), la mise au pas des médias qui font le service après-vente, la récupération des partis politiques qui soutenaient Bouteflika et qui aujourd’hui soutiennent ouvertement le commandement militaire etc…
En d’autres termes, le commandement militaire, continue à se prendre pour le « sauveur » de la république, le tuteur du pays et du peuple et surtout refuse de rendre le pouvoir et de rentrer dans ses casernes. Il s’obstine, s’entête, s’acharne à garder le « pouvoir de désigner lui même le président » au risque de mener le pays à l’aventure.
Depuis plus de 3 mois, le peuple algérien exige pacifiquement de reprendre en main son destin pour enfin construire l’État et la république dans lesquels il vivra librement, dignement et dans la prospérité. Cela passe obligatoirement par une phase de transition démocratique qui consistera à ouvrir les champs politique, médiatique, syndicaux, associatif qui permettra, au bout du compte au peuple de choisir son système de gouvernance et ses institutions (une nouvelle constitution), et ses représentants en dehors de toute influence militaire.
En refusant aux algériens ce droit légitime, le commandement militaire opte en connaissance de cause pour la confrontation. En refusant de remettre le pouvoir à son détenteur légitime, c’est à dire le peuple avec sa représentation civile, élue démocratiquement, il se met, non seulement, au travers de la volonté populaire mais aussi et surtout dans la position d’un voleur, pris en flagrant délit, qui dit à sa victime, en la regardant dans les yeux, qu’il ne veut pas lui rendre son bien.
L’avenir du pays exige de tous de la sagesse. Les solutions existent, les mécanismes, les méthodes, les personnalités pouvant gérer une transition existent et sont disponibles.
Le peuple algérien, dans sa grande majorité, a montré qu’il n’était ni rancunier, ni revanchard. Il aspire seulement à construire son pays et son État, un État de droit, de justice et de solidarité. J’espère de tout mon cœur que la cinquantaine de généraux qui constituent le commandement militaire prendront conscience du moment historique que traverse l’Algérie, qu’ils s’empreignent de sagesse et qu’ils laissent enfin ce peuple construire son avenir.
Yahia Bounouar 27 05 2019 in Facebook