ABBES HAMADENE in facebook 30/07/2022
Le soir d’Algérie datant du 25 juillet dernier nous annonce que la ville d’Oran a accueilli plus de 9 millions de touristes depuis le début de la saison estivale.
Qui peut croire à un chiffre aussi délirant ?
Mythomanie ou désir de plaire aux chefs ?
COMPTER LE NOMBRE DE TOURISTES : UN EXERCICE DIFFICILE MÊME DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS À TRADITION TOURISTIQUE
Le Soir d’Algérie sort ce chiffre par enchantement, tel un magicien sort un lapin de son chapeau.
Ce journal propagandiste ne se préoccupe pas de nous expliquer sur quels indicateurs s’est-il basé pour arriver à ce calcul .
Or, on sait que compter le nombre de touristes sur un territoire n’est pas chose aisée, même dans des pays développés à forte tradition touristique.
Pour mesurer la fréquentation touristique dans ces pays, les instituts hautement spécialisés s’appuient sur des enquêtes rationalement menées auprès de structures d’accueil bien rodées.
Pour arriver à dégager un ordre de grandeur, ces instituts mobilisent plusieurs données en s’appuyant sur les points de comptage existants : passages dans les aéroports et gares, nuitées dans les hôtels, locations de vacances, campings, gîtes , taxes de passages, entrées dans les musées…
Les méthodologies utilisées sont très affinées et régulièrement améliorées.
Rien à voir avec la méthode « Rey Rey » du Soir d’Algérie.
CADRES DE VIE URBAINS ET RURAUX DÉGRADÉS : TOURISME EN BERNE
Récuser le chiffre ahurissant avancé par le Soir d’Algérie ne remet guère en cause l’attractivité de Wahran Elbahia qui garde son charme inédit en dépit de la longue détérioration de son environnement urbain à l’instar des autres villes algériennes.
Cette dégradation des cadres de vie dans toutes nos villes et villages est une amère réalité.
Elle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs : généralisation des pratiques mafieuses dans les politiques d’aménagement du territoire, absence de planification urbaine et de schéma directeur d’aménagement , aucune volonté politique de sauvegarde du patrimoine historique, prolifération de constructions illicites et anarchiques, gestion catastrophique des déchets…
Un cadre de vie qualitative, des structures d’accueil diversifiées et une protection de l’environnement sont des atouts majeurs pour le développement dun tourisme économiquement rentable et socialement responsable. Trois éléments qui font défaut en Algérie actuellement.
UN TOURISME SINISTRÉ À CAUSE DE DIRIGEANTS IGNARES ET VÉREUX
Notre pays est pris en otage par des dirigeants qui ne se préoccupent que de leurs intérêts propres. L’intérêt national n’a aucune importance à leurs yeux.
Englués dans leur incompétence et leurs pratiques mafieuses, ils ignorent qu’une politique intelligente de tourisme peut être :
-Une opportunité réelle pour un aménagement territorial cohérent.
– Un puissant levier pour revitaliser et redynamiser les activités artisanales dans nos régions.
– Un secteur générateur d’entrées de devises et de création d’emplois.
– un moyen efficace pour la valorisation de la culture nationale, des cultures locales et plus globalement de l’image du pays.
l’Algérie est un pays qui possède d’incontestables atouts naturels pour être une destination de choix : Un littoral de plus de 1 200 kilomètres, des cités antiques, les gravures rupestres (Tassili n’Ajjer), des paysages époustouflants de notre grand désert, le majestueux mont d’Assekrem , la beauté orgueilleuse de nos montagnes…
Un potentiel touristique qui devrait attirer des millions de touristes.
Qu’il est triste de savoir que notre pays est classé par les organisations internationales du tourisme au 180 ème rang en 2020 (voir site : données mondiales)
Ce classement catastrophique ne semble guère déranger le pouvoir. Cela conduit
beaucoup de nos compatriotes à penser
que le pouvoir militaire à décidé de fermer les portes sur l’extérieur et de faire de l’Algérie « un pays ermite » isolé à l’image de la Corée du Nord.
POUR UNE POLITIQUE TOURISTIQUE ALTERNATIVE
Le choix qui peut se poser pour notre pays n’est pas entre une fermeture hermétique du pays et un tourisme de masse de plus en plus décrié et rejeté dans le monde.
D’autres formes de tourisme se développent et connaissebt un essor considérable aux quatre coins du monde (tourisme solidaire, tourisme durable, agro-tourisme …).
Quelles que soient les formes choisies, le tourisme doit obéir à certains principes :
– Concilier les besoins des touristes, des professionnels et des populations locales.
– Le respect de l’environnement écologique, de la biodiversité et des ressources naturelles.
– Le respect des populations locales qui ont leur vie, leurs activités, leurs contraintes quotidiennes. Cela repose sur un travail de préparation de fond dans lequel les populations locales doivent jouer un rôle important.
-Un tourisme qui doit permettre à toutes les parties concernées de bénéficier équitablement des retombées et avantages économiques du tourisme et non pas seulement à quelques chaînes multinationales.
Autant de questions qui ne peuvent être débattues dans le cadre du système despotique qui tient en otage tout un pays.